vendredi 21 août 2009

TZR: Illusions et désillusions du métier de prof

Il ne s'agit pas ici de rédiger un énième pamphlet contre l'éducation nationale mais simplement d'utiliser mon expérience personnelle de professeur débutant (expérimenté!) pour exposer un monde aussi passionnant que déroutant.
En effet je reste conscient des avantages que nous avons (même s'ils s'effilochent d'année en année), surtout en ces périodes troublées où des gens en arrivent à se nourrir dans les poubelles. Donc, promis, je ne me plains pas, je constate. Si, si!
Je vous fais grâce pour cet article des perles des élèves, auquels je me dois de consacrer un article entier...

I. LES DEBUTS EN (TRES) GROS: où on en apprend des belles sur la structure du bahut et la formidable diversité des collègues

Car une fois votre CAPES obtenu, vous pensez que le plus dur est fait. Théoriquement, oui. Mais après une première année en tant que prof stagiaire, bercé des illusions encore fraîches de l'IUFM, une année en général dans un établissement pas trop désagréable où vous mangez votre pain blanc, un parcours chaotique au rythme des humeurs du recteur et du ministère s'engage.

Je vous fais donc grâce de cette année, où malgré une inspection finale de validation où on va évaluer votre potentiel à appliquer à la lettre les théories militaires de "mein IUFM", vous avez très peu de risques (ou de chances, on finit par se le demander) à être titularisé.

C'est d'ailleurs LA période de grâce, mai et juin payés plein pot alors que vous n'êtes qu'à mi-temps, il fait beau et vous allez enfin pouvoir vous payer vos premières vacances. En Bretagne, faut pas exagérer non plus. Profitez-en, car en général, c'est à ce moment qu'on tombe de haut.
Si vous avez eu la chance d'échapper à la mutation à des centaines de kilomètres de chez vous dans des bahuts où vous allez saisir toute la quintessence de votre fibre d'assistant(e) social(e), vous n'êtes pas pour autant à l'abri de surprises concoctées spécialement par votre père nourricier qu'est le rectorat.

Votre 17è voeu est exaucé, vous êtes nommé en ZEP à 45 min de route de chez vous en tant que titulaire sur zone de remplacement (TZR) car les postes fixes pour les néotitulaires sont aussi rares que les recteurs sympas. Précision: il n'y a pas de gare, donc il faudra repenser le "fortement conseillé d'être motorisé" par le rectorat par "t'as pas le choix, gros(se)!"

Ca secoue un peu de remplacer un collègue parti en longue maladie pour dépression mais bon vous avez des convictions, l'an dernier s'est bien déroulé, y a pas de raisons de finir avec les pneus crevés ou un couteau dans le dos.
D'autant que vos collègues et votre hiérarchie vous soutiennent... tiens je sens que là, même chez vous profanes, un rictus s'est déssiné sur votre visage attentif.

Les collègues, à quelques exceptions, se divisent en 3 catégories:
- les moules au rocher: ceux là étaient déjà élèves dans le bahut, voire ont posé une pierre et un cierge pour y être nommés et forment la colonne vertébrale de l'établissement à laquelle même un principal fraîchement nommé n'osera donner une appréciation administrative négative alors qu'elle transpire de plaintes sur les élèves "qui ne sont plus ce qu'ils étaient" et qui sont tout aussi au courant des nouvelles directives du ministère que l'est un président de la république sur le salaire des profs. Ceux-là connaissent tout l'arbre généalogique des élèves car ils n'ont jamais dépassé professionnellement les limites de la ville.
- le noyau indestructible: ce sont les "ni jeunes ni vieux" en pleine force de l'âge et de la contestation. Ils constituent le cerveau de l'établissement et ce sont eux qui fixent les règles. D'une solidarité exemplaire qu'ils exportent lors de parties de pêche ou de pétanque en commun (à noter à toutes les récrés du lundi matin: le résumé passionnant de Gégé qui a chopé une truite ou la couleur du dernier vomi du bébé de la collègue jeune maman, ou encore "t'as regardé hier sur TF1", "le PSG s'est encore pris une branlée", j'en passe et des pires).
- les bleus-bites: vous, moi, les jeunes ou moins jeunes qui débarquez et tentez d'associer nom-prénom-matière-classe de vos collègues en étudiant scrupuleusement les étiquettes des casiers alors qu'eux pensent que vous êtes un nouveau surveillant ou mieux celui qui vient installer la nouvelle machine à café ou réparer la photocopieuse déjà en bourrage.

Après vous être plus ou moins intégré et avoir essuyé le sourire amusé d'un collègue que vous avez appelé par un autre prénom, vous comprenez la "structure" de l'établissement (celle citée plus haut, pas la classique principal / adjoint / profs). Seulement, avec tout ça, vous avez oublié que vous restez sous le joug de l'inspecteur qui, tel une taupe cachée au fond d'un terrier qu'on appelle rectorat, peut surgir à tout moment et parsemer de terre marron le vert jardin de vos espérances.


II. LA RECONNAISSANCE DE VOTRE HIERARCHIE: où on apprend que votre carrière dépend en majeure partie du transit intestinal actuel de votre inspecteur ou principal.

Il ne vous a pas oublié et est déjà là début octobre pour voir si vour restez toujours fidèle à votre leader maximo qu'est le journal officiel.
L'inspecteur, c'est comme un dragueur disco: il prétend tout connaître et avoir tout vu mais est complètement dépassé et n'a pas taté le terrain depuis quelques décennies (il y en a bien qui enseignent encore un peu pour "rester à flots"... au lycée européen Notre-Dame de la Constriction à Tout-Va-Bien-Ici où il y a quand même des délinquants qui fument des cigarettes).
Vous, vous avez passé 90% de votre 1er mois en ZEP à élaborer des stratégies de discipline pour espérer à terme faire vos cours dans des conditions (presque) normales, et vous êtes fier de votre tableau à quadruple entrée où vous avez prévu toutes les cartouches à dégainer en réplique à différentes agressions, du simple bout de papier jeté à côté de la poubelle au "j'nique ta mère bâtard".
Vous avez bien commencé le programme en vous ménageant un peu et en repensant à votre collègue qui a tenu 3 semaines à vouloir appliquer les théories de "mein IUFM" devant un public d'élèves réels, tout simplement.

C'est aujourd'hui que l'inspecteur arrive, vous avez tellement briefé vos élèves et promis des sanctions (au pilori dans la cour) et récompenses (tournée de Snickers) que pour une fois, ce sont des anges.
Erreur fatale! Devant (ou plutôt derrière!) des élèves si disciplinés, le vampire va s'étrangler de voir que vous en faites si peu! Toutefois vous êtes confiant, vous réussissez à appliquer une version certes un peu allégée mais plutôt fiable du cours type de "mein IUFM", celui réservé aux élèves de Notre-Dame de Tout-Va-Bien-Ici.
Et comme vous savez qu'évidemment tout n'est pas parfait, vous vous apprêtez à accueillir les conseils bienveillants et paternels de votre inspecteur qui vous a toujours dit qu'il fallait encourager les élèves en difficulté plutôt qu'en remettre une louche en les sanctionnant.

Ce fut (et exceptionnellement je vais utiliser la 1ère personne) ma 1ère désillusion, pétri d'incompréhension. Un rapport à charge sans aucun élément positif. Suis-je aussi bon à jeter malgré ma volonté, peut-être maladroite, de bien faire? De faire participer mes élèves à l'écrit comme à l'oral et ne pas les interrompre quand ils participent et font l'effort de parler Anglais (comment? je ne vous avais même pas dit quelle matière j'enseignais?) et me voir reprocher ensuite que ma séquence orale est trop longue? Même pas une petite gentillesse sur le fait que mes élèves étaient disciplinés et motivés... Je n'ai pas honte de dire que cela rajouté à quelques petits ennuis de santé et à la pression qui retombe, je suis rentré chez moi en pleurant.
La principale (que je remercie) s'est montrée très maternelle, consciente, elle, des efforts que je fournissais.

Allez je repasse à la 2è personne, mais vous aurez bien compris de qui je parle!
Donc après cette formidable reconnaissance de vos supérieurs, vous êtes démotivés quelques semaines où là, pour le coup, vous n'avez plus la niaque et vos cours sont chiadés: à quoi bon se donner tant de mal pour en arriver là? Puis, allez savoir pourquoi, la motivation revient, vous faites votre trou, certains collègues deviennnent très sympa, et cerise sur le gâteau, vous êtes nommé une 2è année dans ce même établissement ou, au final, mais vous vous en rendrez compte trop tard, vous n'êtes pas si mal.

Car oui, le rectorat peut encore enfoncer plus profond le couteau qu'il vous a planté dans le dos en bafouant ouvertement la loi.


III. LA LOI C'EST MOI: où l'on apprend que le rectorat a l'ego placé aussi haut que l'étage du bureau du recteur.

Alors là attention, ça va devenir un peu plus technique. Lorsque vous êtes TZR, vous êtes censé effectuer des remplacements dans une zone délimitée (en moyenne chaque académie, donc chaque région, en compte une dizaine), pour une durée allant de 2 semaines à l'année entière sur un nombre illimité d'établissements (du CM2 au BTS). Heureusement vous avez posé votre ancre sur un établissement de rattachement qui vous gère administrativement et qui sert de point de départ à vos défraiements. Et légalement, tant que vous ne demandez rien, et même si vous n'y travaillez pas, ce bahut reste la pointe du compas.

Légalement? Voila un mot que le rectorat ne reconnait plus quand ça l'arrange... Je vous explique. Après 2 ans de bons et loyaux services dans votre établissement, la nouvelle tombe, un titulaire fixe a réclamé le poste que vous occupiez. Qu'importe, pensez-vous, vous êtes prêt à faire quelques années de remplacement autour de votre établissement de rattachement en attendant d'avoir assez de points pour demander un poste fixe. Pauvre naif!

En effet, quelques jours avant la rentrée, un courrier froid et autoritaire du rectorat vous envoie à l'année sur 2 établissements dans la zone à côté de la vôtre, et bien tout au bout pour couronner le tout. A 2h de votre établissement de rattachement, et je le rappelle, dans une zone qui n'est pas la vôtre.
"Sûrement une erreur des services du rectorat débordés après des vacances bien méritées" vous dites-vous. Mais une voix glaciale, nonchalante vous répond au téléphone que non, ce n'est pas une blague et que c'est ça ou on vous suspend votre salaire à vous, abruti qui ne connaissez rien aux méandres législatives.
Pourtant, votre syndicat (qui, contrairement à ce que certains pensent, ne passe pas son temps qu'à préparer des pancartes pour la prochaine grève) vous prouve texte à l'appui qu'il est illégal d'envoyer un agent (c'est-à-dire vous, quel doux nom pour vous qualifier) hors zone à l'année. 1ère surprise.

2ème surprise: vous vous rendez compte que le rectorat ne fait plus mention de votre établissement de rattachement et qualifie vos 2 nouveaux bahuts d'établissements d'affectations principale et secondaire. Quel intérêt? Mais voyons, réfléchissez! Si vous n'êtes plus rattaché nulle part, comment le rectorat peut-il vous rembourser les 240 kilomètres quotidiens que vous allez parcourir entre votre rattachement et votre lieu de travail?!

Aidé par votre syndicat et l'assurance que commence à vous procurer votre expérience dans le métier, vous écrivez au recteur afin de lui rappeler les textes de loi. D'abord pour vous remettre dans votre zone, puis pour vous rembourser vos frais, en attendant qu'il corrige la grossière erreur d'inattention, dûe, n'en doutons pas, à une surcharge de responsabilités et de consignes à donner. Au bout de 4 courriers, toujours pas de réponse, et vous vous engluez dans votre situation que vous croyiez temporaire. Je vous laisse imaginer l'image qu'a de vous votre établissement d'affectation que vous réclamez de quitter, mais ça ce sera pour plus tard.

Vous vous demandez ce qui vous vaut un tel traitement de faveur... le droit de réponse envoyé au rectorat après votre inspection ratée, courrier très courtois mais courrier quand même? On vous assure que non, ce ne sont pas les mêmes services du rectorat qui gèrent les affectations. N'empêche...

Au bout de 2 mois sans réponse, avec 16h de route par semaine et un trou de 300 euros de transport par mois dans le budget, vous vous résignez à attaquer le rectorat au tribunal administratif parce que vous sentez que votre état de fatigue ne s'améliorera pas d'ici juin.

Vous avez même eu la chance, lors d'une audience demandée par les syndicats, d'avoir le recteur himself en personne droit dans les yeux car vous avez été conviés à la réunion pour illustrer les propos de vos défenseurs. D'apparence très diplomate, il vous rétorquera quand même des énormités révélatrices de son ignorance des textes. En vrac, vous apprendrez que vous n'êtes plus remplaçant puisque vous avez un poste à l'année (et le mouvement de fin d'année auquel je dois participer puisque je n'ai pas de poste fixe alors?), que vous n'avez donc plus besoin d'établissement de rattachement (et mes remboursements de transport alors?) et que si vous n'êtes pas content, vous n'avez qu'à déménager sur place (et l'an prochain aussi si je suis muté de l'autre côté de l'académie alors?).
Vous aurez beau faire, pour votre cas comme pour les dizaines d'autres traités lors de cette réunion, le recteur utilise comme un joker la phrase magique "l'intérêt des élèves passe avant".
Et là, vous sentez que c'est à vous de jouer. L'oeil humide, la lèvre tremblante dans un numéro digne des meilleures tragédies, vous lancez la phrase qui génèrera l'admiration de vos représentants syndicaux:

"Monsieur le Recteur, si je puis me permettre, vous parlez de l'intérêt des élèves, auquel moi-même j'accorde une importance essentielle grâce à la motivation de ma carrière encore jeune, mais l'intérêt des élèves n'est-il pas aussi d'avoir des professeurs qui passent plus de temps à préparer leur cours que dans les transports et qui arrivent donc déjà usés et démotivés dans leur classe?"

Silence embarrassé du recteur et de ses n°2 et n°3.
Regard approbateur et défiant des syndicaux au recteur.

Mais ça ne changera rien. Vous avez compris que le rectorat va jouer la montre et que le temps que le tribunal vous donne raison, l'année sera écoulée et l'affaire torchée. Vous pourrez espérer quelques indemnités d'ici un an ou deux, mais en attendant, il faut se rendre à l'évidence, vous allez, au moins jusqu'à juin, faire exploser le compteur de votre voiture, de vos finances et de votre énergie à faire le TZR routier jusqu'à vos deux nouveaux établissements où au moins, là encore vous ne pouvez en douter, vos collègues et votre hiérarchie vous soutiendra.


IV. NOUS, TANT QUE LE POSTE EST COMBLé... où l'on apprend la logique d'entreprise qui s'immisce dans l'école publique de la liberté, l'égalité, tant qu'on se fait pas remarquer.

Coup de bol, ou pas, faut voir, votre bahut principal est très tranquille, au fin fond d'une campagne, les élèves sont calmes. C'est tellement tranquille qu'un jeune bleu-bite qui arrive avec ses gros sabots contestataires risque de faire des vagues.
Les collègues, à quelques exceptions, ne cherchent pas à en savoir plus et s'étonnent que personne ne vous héberge dans le coin la semaine pour vous épargner la route, sans penser à vous le proposer eux-mêmes.

La principale? Ni pour, ni contre vous, elle se contente de faire suivre vos courriers au rectorat en vous disant que ça ne servira pas à grand chose... pourtant vous apprendrez plus tard que 2 des 3 courriers ne sont jamais arrivés à votre ancien établissement de rattachement et que vous avez bien fait d'envoyer des copies LRAR. Vous repensez au sourire narquois de la secrétaire de direction qui vous annonce l'avoir bien fait rire avec votre demande de 15000€ d'indemnités et vous lui expliquez patiemment que si elle ne témoignait pas autant de son ignorance, elle saurait que c'est la somme qu'il faut normalement réclamer pour que le dossier soit traité par 3 juges au lieu d'un seul et qu'évidemment je n'espère pas une seconde obtenir pareille somme... et au fait, une secrétaire qui lit votre courrier, c'est normal aussi? Et qui vous fait comprendre que ça ne l'arrange pas d'envoyer votre courrier au rectorat parce qu'un timbre c'est pas donné?
Toujours est-il que, comme vous n'avez pas pensé à demander un accusé de réception du fax, vous ne saurez jamais s'il s'agit d'un problème technique ou pire d'un oubli de sa part (oh non je vous vois venir!! n'allez tout de même pas penser qu'elle a volontairement oublié de l'envoyer, au risque de voir ma procédure annulée?! vous êtes d'un parano!)

Mais revenons un peu en arrière. Emploi du temps: 4 jours, dont 3 à commencer à 8h30 (vous commencez à vous inquiéter en vous demandant à quelle heure vous allez devoir vous lever). Revers positif de la médaille: vous finissez tous les jours vers midi, ce qui, si le 2è établissement a bien goupillé, vous laisse entrevoir un retour chez vous pas trop tardif.
Ben justement, le 2è établissement a tellement bien goupillé votre emploi du temps chez eux que vous vous retrouvez avec chaque jour un trou de 4 à 5h avant d'assurer votre unique heure de cours chez eux.
Bon là, c'en est trop. Votre principale n°1 refuse de changer quoique ce soit aux horaires. Vous hésitez entre l'oeil humide adressé au recteur et le franc ras-le-bol de colère pour vous adresser à la principale n°2. Au final cette dernière se montre très compréhensive et vous modifie vos horaires au mieux. Plus que 2 trous de 3 heures et un trou d'une demi heure pour faire la route le vendredi midi entre les 2 bahuts distants de 30 km (vous mangerez votre repas du midi ce soir), malgré tout c'est bien mieux que la 1ère mouture.

Et c'est parti. Vous avez trouvé la combinaison la moins fatigante et la plus économique: le train de 6h55 qui vous dépose à 8h05 à 20 kilomètres de votre 1er bahut. Faudra laisser la bagnole sur place toute la semaine, tant pis pour les risques et le parking que vous payez chez vous pour rien. A midi vous aurez 3h de trou pour aller à votre 2è bahut faire votre heure de cours. Tant mieux, vous pourrez piquer un somme dans votre voiture sur une aire de repos en attendant.
Retour rapide à la gare pour fermer le triangle gare/bahut 1/bahut 2 par son côté équilatéral. Une petite demi heure de route à espérer ne pas rater le train quitte à devoir à nouveau poireauter une heure, une bonne heure de train, 20 minutes de marche et hop vous êtes déjà chez vous, prêt à vous coucher pour remettre ça le lendemain à l'aube (vous comptez travailler dans le train? voire dormir? ah palsambleu! c'était sans compter sur les étudiants qui beuglent dès la 1ère heure).

Enfin bref, si votre syndicat et l'état de vos paupières n'étaient pas là pour vous rappeler le contraire, vous commenceriez à trouver votre situation normale au fur et à mesure que les jours passent et que la routine est rodée.
Oh bien sûr il y aura quelques remarques agréables de votre principale n°1 qui vous fait constater sèchement que vous êtes en retard, n'ayant pas apparemment intégré le fait que ce n'est pas vous qui faites les retards à la SNCF ni le givre sur votre voiture qui devrait être au chaud dans votre parking; qui veut vous faire venir à 6h du matin (et donc lever à 3h30) pour partir au voyage en Angleterre alors que le bus passe à 7h30 par chez vous; qui refuse qu'un journaliste local vienne vous suivre pour témoigner de la condition des TZR...

Quoiqu'il en soit, vous vous dites que malgré quelques jours de trop grande fatigue où vous vous mettez en arrêt maladie parce que vraiment vous ne suivez plus, vous récolterez les fruits de votre dévouement à faire 16h de route par semaine pour assurer des cours dans deux bahuts où légalement vous n'êtes pas censé travailler, et ça vous fera oublier les points ZEP cumulés et perdus parce que vous n'y êtes plus depuis cette année.

Décidément, vous êtes d'un naif!!!


Conclusion 1: L'EVENEMENT DECLENCHEUR DE CET ARTICLE ou l'on apprend qu'en fait, plus vous vous dévouez, moins vous êtes remerciés.

C'est cette semaine. La note administrative, celle que vous donne votre principal pour l'évolution de votre carrière, en complément de celle de l'inspecteur (la note pédagogique).
Malgré quelques remarques désobligeantes, vous vous dites que votre supérieure va vous remercier de venir de si loin assurer votre enseignement.

Et là, vous avez en main une copie laconique, qui d'abord vous met "bien" et non "très bien" pour votre ponctualité (tant que vous ne saurez pas pousser un train ce sera "bien", c'est tout), et un commentaire qui fera ressurgir le sentiment d'acharnement qu'a suscité en vous un certain rapport d'inspection, 2 ans auparavant: "Mr X a eu de sérieuses difficultés à s'investir dans la vie de l'établissement (en vivant à 120 kilomètres et avec des collègues aussi avenants, rien d'étonnant) et à assurer son enseignement avec conviction (on peut juger de la conviction de quelqu'un sans aller le voir à l'oeuvre? étonnant!) et sérénité".

Je voudrais donc savoir ce qu'attendent de moi ces gens qui vivent dans leur bulle de mépris et d'incompréhension. Que je fasse le ménage dans les classes après les cours pour m'investir dans l'établissement? Que je sois ravi de faire un plein hebdomadaire pour enseigner avec conviction? Que je donne des cours de yoga aux élèves pour la sérénité?

Certes j'ai ma conscience pour moi et je ne cours pas après les lauriers comme un bon élève après les 20, mais un peu de reconnaissance ne coûte rien à personne et je commence à penser que dans certaines entreprises dont le profit est roi, le sentiment de solidarité est peut-être plus présent...

V. Où l'on apprend que tous les collègues ne naissent pas libres et égaux en appréciation vis-à-vis de leur principale.

8h30 en cette matinée où je m'apprête à signer mon appréciation administrative en y joignant une lettre de contestation ma foi fort honnête. En vrac:
- que mes difficultés à être serein proviennent sûrement du fait que je suis affecté en toute illégalité à 130 bornes de chez moi
- que malgré la distance, le prix, la fatigue, les villes sans gare et le temps de parcours je suis présent pour assurer mes cours
- que si Madame la Principale me reproche 5 minutes de retard en début de journée elle a pourtant refusé d'adapter mes horaires à celles des trains dont je suis dépendant (je ne conduis pas encore de locomotive, curieusement...)
- que malgré le fait qu'elle m'ait montré une compassion fin octobre que je ne saurais croire malhonnête, elle ne m'a jamais convoqué pour me dire que je faisais mal mon boulot et que je suis ravi de l'apprendre de la sorte
- que j'invite d'ailleurs Madame la Principale à assister à mes cours pour constater ma conviction
- qu'enfin à mon échelon la progression se fait de 0.5 en 0.5 alors que Madame la Principale m'a augmenté de 0.2 (sûrement une étourderie, car je ne doute pas qu'elle connaisse son métier...)

Donc bref j'arrive dans son bureau pour signer ma note et déposer ma lettre. Surprise, contrairement à ce qu'elle m'a annoncé l'avant-veille, quand elle m'a refusé une photocopie sous prétexte qu'elle n'avait rien changé à mon appréciation, la mention "avec conviction" a disparu. Amélioration, certes, mais du coup, ma lettre n'est plus adaptée!
Je dois donc la modifier et réclamer la photocopie de cette nouvelle appréciation. Ce que Madame la Principale ne peut me refuser, ce qui ne l'empêche pas de m'adresser un "Remarquez je peux le remettre à la main (le "avec conviction"), parce que là, je commence à saturer".
Rhôôô!!! Madame la Principale!!! Vous devez être débordée de travail pour en arriver à "saturer" quand on vous réclame une photocopie!! C'est vrai que par rapport à moi et mes quatre heures de route, c'est énormément de travail!

Je la remercie donc de tant de soutien et de reconnaissance devant sa secrétaire. Evidemment tout cela a pris 5 bonnes minutes et le temps de monter déposer mon sac dans ma classe et de redescendre, catastrophe! Il est 8h34!!
Heureusement, dans son infinie bienveillance, Madame la Principale m'attend en bas et me prévient devant mes élèves qu'elle aimerait que je les prenne "en temps et en heure". Je me sens d'autant plus privilégié que le collègue qui m'accompagnait n'a pas eu droit à ce valeureux conseil...

VI. Où l'on apprend que je ne suis qu'un vilain preneur d'otages...

Quatre jours plus tard. Oh joie! Sur mon casier, une convocation chez Madame la Principale!!! Quelle belle journée s'annonce! C'est avec bonheur et entrain que je descends chez ma supérieure hiérarchique qui s'étonne que je refuse de participer au voyage en Angleterre.

Comment puis-je commettre un tel forfait me direz-vous? Bon peut-être parce que je ne suis "pas investi" dans le collège. Peut-être aussi parce que cela me fait lever à 4h du matin pour faire 130 km alors que le bus passe par ma ville vers 8h (je ne parle même pas du retour une semaine plus tard où je vais devoir faire le retour de 2 à 4h du matin). Hélas, Madame la Principale me sort l'argument qui fait mouche! On ne peut pas me prendre dans ma ville à 8h pour la simple et bonne raison que de 6h à 8h, les 49 élèves ne seront encadrés que par 4 profs (12 profs par élève, c'est la loi, soit 48 pour 4) et donc le dernier va se retrouver sans surveillance!!!
Arf! Je ne peux qu'avouer ma méconnaissance de la loi mais tant pis! Je m'enfonce dans mon excuse vaseuse qu'il est idiot que je fasse 4h de route aller-retour alors que le bus passe par chez moi.
Ce à quoi Madame la Principale me rétorque que "pour une bête histoire de trajet, je prends les élèves en otage". C'est dommage, j'avais pas pris ma cagoule mais c'était une bonne idée.
Quand, serein, j'affirme maintenir ma position, elle tente un autre angle d'attaque: "je viendrai voir vos cours mais je n'en ai pas besoin pour constater que vous ne vous investissez pas" (je confirme, depuis, elle n'est jamais venue). Je commence à me demander si ma supérieure a des dons de voyance qui se confirment quand elle assène le coup de grâce: "de toutes façons, vous avez tenu des propos peu élogieux à mon égard".

Surpriiiiiise!!! En plus de l'ambiance gratinée généreusement offerte par Madame la Principale, il y a des collègues assez... n'ayons pas peur des mots... cons pour cafter ce qu'il se passe dans la salle des profs. C'est d'une bassesse sans nom et je ne veux même pas savoir quel est le crétin assez misérable pour divulguer ça. Oui, sous la colère, ayant lu son commentaire, mon sang n'a fait qu'un tour et j'ai gratifié ma supérieure de quelques noms d'oiseau devant quelques collègues. Jamais je n'aurais pu imaginer que ces propos impulsifs seraient rapportés par des pseudo collègues dont je plains les élèves.

Mais au fait, sur quoi se base Madame la Principale pour me reprocher mes propos? Des paroles rapportées?? Bizarrement, on m'a rapporté qu'elle avait l'intention de crever mes pneus! Vous y croyez? Ben non, ça ne repose que sur du vent, comme ses reproches...
Ayant atteint un tel fond qui commence à fleurer bon la fosse septique, on ne peut qu'espérer remonter.

VII. Où l'on se rend compte que ce qui sort de la bouche des supérieurs n'est pas forcément parole d'Evangile.

Quelques jours plus tard. A quelques exception près, je me sens bien seul dans la salle des profs. Très peu me soutiennent, leur langue étant trop occupée à... enfin vous voyez quoi... de Madame la Principale. Des gens très courageux, en somme.
Je me sens seul, mais curieusement, je m'éclate. Moi qui croyais que tout ce qui venait d'en haut était par essence vrai, les choses sont devenues tellement énormes et risibles que j'ai au moins acquis une sacrée confiance en moi.
Ce qui se verra confirmé au fil des jours par divers sources.

La contestation va crescendo chez les collègues, mais évidemment celle-ci ne passe pas la porte de la salle des profs: notre chère supérieure a refusé d'exclure un élève qui avait molesté un professeur sous prétexte qu'elle n'avait "pas de compte à nous rendre" et surtout parce qu'elle a peur que cela ternisse l'image du collège. Dans son incommensurable conscience professionnelle, Madame la Principale a omis que les incidents, c'est le lot de tout collège et que c'est justement en réagissant vite que l'on montre l'efficacité de ce dernier. Seulement, son établissement est tellement tranquille que lorsque vers Janvier, les élèves ont compris qu'ils pouvaient pousser le bouchon sans être appréhendés, les incidents se multiplient, et l'établissement se retrouve dépassé par les évènements. Ce qui n'arriverait pas si Madame la Principale était encore enseignante, puisqu'elle a affirmé en conseil de classe devant parents, élèves et professeurs que si elle en avait encore "les élèves ne broncheraient pas (avec elle)". Pas faux.

Selon le commissariat local, où 2 collègues ont dû déposer des plaintes pour insultes par des élèves car Madame la Principale se garde bien d'ébruiter des tels incidents dans son établissement si parfait, les élèves n'ont pas besoin de broncher: ils font ce qu'ils veulent. Un policier a confirmé qu'en sortie, elle n'a aucune emprise sur les élèves.
Paroles de flic, me direz-vous, si mal vus par les temps qui courent... et pourtant. Quand une mère d'élève, accessoirement conseillère municipale, me raconte que notre supérieure est un grand sujet de discussion lors des conseils municipaux car tout va à volo depuis qu'elle siège et qu'elle compte mettre son fils dans le privé, vous persistez à me dire que tout cela n'est que persiflage et billevesées?

Tout cela m'est pourtant confirmé par une femme de ménage (vous avez remarqué comme elles sont toujours blagueuses et de bonne humeur? c'est ça la France "d'en bas").
Bref, je me dis que du haut de mes 4 ans d'enseignement de l'Anglais, je suis assez perspicace et je cristallise ce que Madame la Principale ne porte pas dans son coeur. Les gens qui se permettent de la ramener en défendant leurs droits. Honte sur eux.

VIII. Où l'on s'aperçoit que la contestation est une gangrène qui n'a rien de négatif.

Madame la Principale, on l'a vu, maîtrise parfaitement ce qui se passe dans son établissement. Hélas! Lors des rencontres parents-professeurs, des élèves indélicats se sont introduits dans les salles de classes (qui ne sont jamais fermées à clef dans ce collège où tout le monde il est gentil) pour dessiner des horreurs sur les tableaux et ont délesté leur narines de quelques morves sur les rampes des escaliers.

Pas de chance, notre prof de physique, quotidiennement sifflotante et pour qui tout va bien mais qui malgré tout se ternit depuis quelques temps, a eu la malchance de poser sa main sur lesdites excrétions pulmonaires. Son sang n'a fait qu'un tour, et ses nerfs aussi. Madame la Principale a eu droit à un déversement de reproches par la collègue. Réaction "Madame, vous n'allez pas commencer". N'empêche, elle a même fini de dire ce qu'elle avait à dire. Notre supérieure, constatant avec effroi que ses plus fidèles lieutenants commencent à faire preuve de défection, s'est fendu de mettre sur pied une réunion extraordinaire avec les professeurs principaux afin de mettre les points sur les I, les barres sur les T et les queues dans les Q.

Des résolutions ont été prises afin de mieux cadrer les élèves. Les mêmes que l'année précédente... redoutable efficacité!

Conclusion 2: MAIS ET MOI, dans tout ça?

Je regarde tout cela d'un oeil amusé en me remémorant les conseils des collègues ("t'étonne pas qu'elle te fasse la vie dure, tu l'as cherchée"). Madame la Principale a confirmé lors de la réunion extraordinaire qu'un professeur lui avait manqué de respect ("devant les élèves", m'a dit un collègue, ce qui est purement faux mais relève du même bouche à oreille foireux que lorsque j'ai "insulté" Madame la Principale) et qu'elle avait convoqué la personne concernée (c'est-à-dire votre serviteur) pour lui dire. Faux, encore une fois, elle me l'a glissé au détour de la convocation pour l'histoire du voyage en Angleterre.

Mais j'ai maintenant la paix. Peut-être parce qu'elle s'est rendue compte que les arguments de ma lettre étaient fondés. Quand j'arrive 5 minutes en retard à cause du train, elle ne vient plus gentiment me le faire constater dans la cour. Je la vois me regarder de son bureau en fulminant.

Oh j'ai failli oublier! J'ai été reconvoqué juste avant les vacances car l'inspection l'a appelée pour lui dire qu'en effet elle ne pouvait pas m'augmenter de 0.2. Heureusement que j'ai eu la gentillesse de lui rappeler ce qu'elle est censée savoir. Son dernier pied-de-nez fut de me dire que puisqu'elle ne peut pas m'augmenter de 0.2, elle ne changera pas ma note.

Merci qui?

CONCLUSION FINALE: FIN D'ANNEE...

Tout cette passionnante aventure a finalement bien fini. Fin juin, j'apprenais ma mutation définitive en poste fixe dans un collège "classique" à 15 minutes de chez moi.
Mon dernier rapport avec ma débonnaire supérieure a eu lieu le lendemain, en salle des profs, me sachant enfin totalement libre de son emprise. Elle était venue faire le point avec mon collègue du CDI au sujet d'un élève (à qui elle vient faire la bise en cours, c'est le fils d'amis à elle...) qui accusait ledit collègue de diffamations alors qu'il n'était même pas présent le jour des faits. S'étonnant de l'officieuse prise de partie de notre "chef", le documentaliste lui a suggéré que, contrairement à ce qu'elle semblait croire, la vérité ne sortait pas toujours de la bouche des enfants. Elle s'est défendue en disant qu'elle écouterait les 2 parties.

Et là, j'ai pu me lâcher, en lui disant, devant les collègues muets et génés, que vu le respect qu'elle avait envers le travail et la santé de ses personnels, les élèves seraient toujours rois, et ce qu'elle m'avait dit en début d'année était vrai, à savoir qu'en arrivant dans son bahut, on pleure 2 fois, en arrivant et en repartant. Je lui ai dit qu'en effet, je pleurais de partir, mais de joie.
Sa dernière parole fut "Vous avez votre opinion, j'ai la mienne", sur quoi elle est repartie dans sa tanière, visiblement vexée qu'un blanc-bec de mon acabit fasse usage de tel mépris devant ses pairs. J'ai bien jeté un "Sur ce, bonnes vacances, ce collège ne me manquera pas", mais son déplacement fantômatique n'a laissé derrière elle qu'une aura silencieuse...
Putain ça m'a fait du bien, mais aujourd'hui je me dis que j'aurais pu lui en balancer encore plus...

Cette rentrée, donc, je ne suis plus TZR, les galères sont finies pour moi. Oh bien sûr je rencontrerai sûrement d'autres déagréments qui font partie d'une vie professionnelle, mais je pense qu'après cette galère j'aurai toujours la tête froide et ferai la part des choses en pensant aux collègues qui ne s'en sont pas encore sortis.

Ne lâchez jamais le morceau... seules les batailles perdues sont celles qu'on n'a pas menées.

7 commentaires:

  1. C'est le problème d'une hiérarchie très "lâche" ...L'inspecteur se ramène tous les 3 ans, et son inspection est un peu un coup de chance selon la classe que vous avez, et l'humeur de ce même inspecteur, une sorte de "roulette russe" , et une note administrative qui tombe une fois par an, avec un proviseur ou un principal plus ou moins revanchard contre les profs !

    RépondreSupprimer
  2. Je me retrouve étrangement dans ton récit... Hélas pour moi je suis encore TZR...

    RépondreSupprimer
  3. Je sens qu'on va m'accuser de trollisme.. tant pis, je me lance. Un soir de janvier, j'ai eu la bonne idée de taper sur google " Quelle est la vie d'un professeur ? ". Curieuse de nature, je m'attendais à trouver des ragots infectes à propos de jeunes élèves perturbés et perturbants. Etant moi-même lycéenne, c'est vrai que je me suis toujours dit que les profs' " faisaient leurs boulots " et qu'ils n'avaient pas spécialement besoin de notre aide, ou soutient. Et là, en parcourant ce " récit " je m'aperçois des réelles conditions de travail d'un professeur. ( Y-a-t'il une différence énorme entre le privée / publique ? J'ai toujours été scolarisée dans le privée, alors c'est peut-être la raison de mon ignorance... ) Pour tout dire, j'ai été surprise. Très surprise. Ne vous êtes vous donc jamais découragé ?

    RépondreSupprimer
  4. Oula, toi non plus, Ted 62, tu ne me rassures pas. Je suis future prof de lycée professionnel dans le 62 (enfin, j'peux toujours rêver!).
    Plus j'avance dans la formation, plus je me rend compte que le plus gros problème des prof n'est pas les élèves... Cet article en est témoin!
    Patato, cela fait plaisir de voir une lycéenne s'exprimer aussi bien, et mature en plus! Il est tellement plus simple de dire que les profs sont des feignants n'ayant pas de raisons de se plaindre...

    RépondreSupprimer
  5. ou tu t ecrases, ou tu n acceptes pas de faire le serviteur de l etat.ou tu t en vas. et si tu es defendu par tes superieurs face a des pb d incivilité avec les élèves, tu dois etre heureux. et si tu as un poste fixe, ne sois pas heureux trop longtemps: moi cette année je suis sur deux etablissements a 20 KM l un de l autre, sans salaire ou prime supllémentaire. et si tu es entousiaste à l idee de faire des projets, tu decouvres vite que la majorité de tes collègues font cela pour la carrière, et que les élèves sont de toutes façons gates pourris, et qu il vaudrait mieux leur faire cours sous un arbre.

    RépondreSupprimer
  6. Je suis à la fois rassurée et effrayée de me retrouver dans un tel sentiment d'injustice effective. Je suis actuellement en M2 MEEF et après une année bien plus que correcte du point de vue des rapports des tuteurs ESPE, de la tutrice du lycée, du proviseur de l'établissement ; une année d'investissement tant sur la formation ESPE (avec les résultats qui le soutiennent) que sur le terrain (remerciements de parents d'élèves pour ce que j'ai fais en qualité de travail avec leurs enfants), je me retrouve convoquée à une commission d'admission pour défendre mon bout de gras et convaincre l'éducation nationale de m'accepter dans ses rangs. Merci à un inspecteur qui, piqué de n'avoir pas vu ce qu'il estimait de son droit lors de l'inspection (étude de l'image, mais vidéoprojecteur en panne, méthodologie de l'oral blanc pour les oraux qui se déroulaient la semaine prochaine) m'a largement plombée en officiel bien qu'il ait appelé mon lycée officieusement pour valider de si élogieux rapports. Une hypocrisie totale dans nos rangs, ou plutôt dans la hiérarchie car nous ne sommes qu'un statut somme toute peu disposé à revendiquer de la justice. Apparemment, les prouesses linguistiques sur les postérieurs de nos si compréhensifs et talentueux supérieurs ne sont pas limités à cette année de formation, et j'appréhende désormais avec beaucoup d'aigreur la suite des évènements, dans un système réduis à de la pure publicité pour recruter des enseignants qu'il méprise tout bonnement. Merci pour ce regain d'espoir d'une telle justesse : "seules les batailles perdues sont celles que l'on a jamais menées".

    RépondreSupprimer